jeudi 21 novembre 2024
Le lexique savoyard

Et si on parlait savoyard : Les insultes

insultes en arpitan savoyard
Photo : Alexandr

Les insultes font partie intégrante de la langue et sont apprises dès l’enfance ou lors de l’apprentissage d’une nouvelle langue. Elles peuvent être utilisées pour exprimer la colère et la frustration, pour dominer socialement, pour attaquer l’honneur ou la dignité d’une personne, ou pour stigmatiser et discriminer. Mais elles peuvent également servir à renforcer le sentiment d’appartenance à un groupe, à faire de l’humour ou à renforcer les liens sociaux. Dans cet article, écrit en partenariat avec l’Institut de la Langue Savoyarde, nous allons explorer les différentes insultes en arpitan savoyard.

Et si on apprenait des insultes en savoyard ?

Il existe même des cours et des leçons spécifiques aux insultes, comme le cours d’insultes en breton pris par le comédien Jean Benguigui. Il serait amusant d’essayer avec une autre langue minorisée, comme le savoyard.

L’arpitan savoyard offre une large variété d’insultes. Nous avons sélectionné les meilleures d’entre elles pour vous. Il est important de préciser que cet article n’a pas pour but de favoriser l’utilisation des insultes ou de décomplexer la moquerie, mais bien de parler de la langue savoyarde sous un angle différent.

Comment désignons-nous le fait d’insulter et de couvrir quelqu’un d’injures ?

Nous utiliserons alors le verbe « arcanar » : « Je l’arcano« , ce qui signifie « je l’insulte« . D’autres synonymes existent, comme « ensolentar« , et l’injure se dit « arcana*« . Chose amusante, en arpitan savoyard, dire des insultes c’est dire des « raisons » : « Dére des rêsons« .

*Voyez la distinction entre le verbe à l’infinitif « Arkanar » et le nom « Arkana« . La voyelle finale du verbe se prononce entre le /a/ et le /o/, tandis que la voyelle du nom se prononce /a/.

Petite liste d’insultes en arpitan savoyard

On dit d’une personne stupide qu’elle est « una landiôla« . Certaines insultes sont alors dirigées vers une catégorie de personnes, un genre, etc. Bien que « landiôla » soit un nom féminin, il peut être employé pour les deux sexes. « Sôma » est quant à elle plus orientée vers les personnes de sexe féminin.

Pour renforcer l’insulte, on pourra ajouter des mots tels que « sacra« , « bougro » ou « chancro » au masculin et « sacra* de fôla » au féminin. Par exemple, « t’es une sacra sôma ! » ou « un sacro* de fôl« .

*Ici, nous constatons que l’adjectif s’accorde en genre et en nombre. Ainsi, « sacro » est employé pour le masculin singulier, « sacros » pour le masculin pluriel, « sacra » pour le féminin singulier et « sacres » pour le féminin pluriel. Cette particularité se retrouve également en piémontais (turinois).

Les insultes savoyardes peuvent prendre la forme de noms d’animaux. Par exemple, on peut dire d’une personne qu’elle est un « animâlo« , une « cârna » (vache maigre). Ou même, une « sacra mèrluche » (foutue morue).

Une personne aux idées bien arrêtées sera qualifiée de « téta de borrica ou téta de bouesc« . Et si on en a assez d’elle, on peut la remballer en disant « mandar viâ« , « mandar cacar » ou « mandar petar« .

Si elle est un menteur, elle sera qualifiée de « mentor » (fém. : mentorsa).

Si elle est un peu paresseuse, elle sera appelée « pèlyandru« .

Le classique « fils de puta » est aussi présent dans cette langue.

On y trouve également des insultes liées à la matière fécale, comme « femiér » ou « catél » (« T’es un veré catél« ).

Et enfin, le fameux « sacro gnafron« , l’acolyte de Guignol, qui est utilisé dans la région de Lyon et de Saint-Etienne.

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