vendredi 29 mars 2024
Le saviez-vous ?

Le Saviez-vous ? : L’histoire de Jean-Jacques Rousseau

Jean-Jacques Rousseau
Photo : pict rider

Grand philosophe du siècle des Lumières, Jean-Jacques Rousseau a marqué son époque et le monde en général par la diffusion de ses pensées à grande échelle. Outre son influence en politique et dans l’évolution de la pensée, il est le précurseur du romantisme par son amour de la nature et de la solitude et par sa sensibilité exacerbée. Cet attachement à la beauté de la nature est en parti relié à une période de son histoire, quelques années d’isolement en Savoie qui seront pour lui une véritable source d’inspiration.

L’écrivain et le philosophe

Jean-Jacques Rousseau est né le 28 juin 1712 à Genève, d’une fille de pasteur protestant qui décède à sa naissance et d’un père horloger. Il ne fait pas spécialement d’études mais, passionné et toujours en recherche de connaissances, il apprend de lui-même et acquiert une très vaste culture en autodidacte.

À l’âge de 30 ans, il s’installe à Paris où il exerce ses activités de musicien et de philosophe et rédige les articles de l’Encyclopédie. En 1750, le Discours sur les sciences et les arts le rend célèbre ; il publie ensuite, en 1755, le Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes.

À l’apogée de sa carrière, il se brouille avec ses amis philosophes et quitte Paris pour s’isoler à la campagne. Là, il rédige trois œuvres majeures : Julie ou la Nouvelle Héloïse (1761), Du contrat social (1762) et Emile ou De l’éducation (1762). Les deux derniers ouvrages sont condamnés par le Parlement, qui leur reproche des propos en contradiction avec les pensées de l’époque. Un mandat d’arrêt est lancé contre Jean-Jacques Rousseau, obligé de s’exiler de France pendant plusieurs années.

L’écrivain consacre alors ses trois dernières œuvres à l’introspection et à l’écriture de soi. Il réalise ainsi Les Confessions (1765-1770), les Dialogues ou Rousseau juge de Jean-Jacques (1772-1776) et les Rêveries du promeneur solitaire (1776-1778).

Il meurt le 2 juillet 1778 à Ermenonville, au nord de Paris. L’île des Peupliers, où il est enterré, devient un lieu célèbre, et ses cendres sont transférées au Panthéon en 1794.

La retraite en Savoie

Étant issu d’une famille calviniste, Jean-Jacques Rousseau se voit obligé de quitter Genève en 1728 pour se réfugier à Annecy, où il sera hébergé par Françoise-Louise de Warens (1699-1762). La baronne de Warens devint, ainsi, sa protectrice puis sa maîtresse.

Le roi Victor-Amédée II de Piémont-Sardaigne avait confié à cette dernière la mission de recueillir les calvinistes suisses émigrés en Savoie afin de les convertir au catholicisme. Partie brièvement pour Paris, elle retourna s’installer à Chambéry où elle loua un appartement dans l’hôtel particulier du Comte de Saint Laurent, haut placé dans l’administration des finances du Royaume. Rousseau la rejoindra dans cet appartement. À Chambéry, il travaille au Cadastre sarde puis dispense des cours de solfège et de chant.

Madame de Warens, qu’il surnomma « maman », loua ensuite la maison des Charmettes où ils vécurent de 1736 à 1737, durant deux étés. Cette installation est rapportée dans le Livre V de ses Confessions. Chambéry eut un grand impact dans la vie de Jean-Jacques Rousseau. Ce lieu de séjour correspond à sa période d’émancipation et d’émergence, il y fera souvent référence au cours de sa vie. C’est à Chambéry qu’il s’est forgé un répertoire d’idées et de pensées qu’il retranscrira ensuite au fil de ses écrits. Ainsi, il sera l’un des premiers écrivains à évoquer le charme des montagnes, notamment dans la Nouvelle Héloïse et dans les Confessions (livre IV) : « J’eus ce plaisir, et je le goûtai dans tout son charme, en approchant de Chambéry. ».

Les Charmettes

Classée monument historique, la maison des Charmettes, datant du XVIIIe siècle, est située dans le vallon des Charmettes, sur les hauteurs de Chambéry, dans le département de Savoie. C’est l’ancienne résidence d’été de Madame de Warens et le lieu de séjour de Jean-Jacques Rousseau de 1736 à 1742. Cette demeure fut pour lui une véritable source d’inspiration et de découverte de la botanique et de la nature. Il y découvrit en effet un cadre superbe pour ses promenades et ses activités telles que la lecture ou l’écriture, au contact de la femme dont il s’éprit, Mme De Warens. L’écrivain y décrit ses séjours aux livres V et VI des Confessions et dans la 10ème promenade des Rêveries du promeneur solitaire.

Après la mort de Rousseau et la Révolution, elle est devenue un lieu de pèlerinage. Elle est désormais la propriété de la ville de Chambéry et c’est aujourd’hui un musée ouvert au public. La maison et le jardin ont conservé l’atmosphère particulière qui permet de s’immerger dans la vie du penseur.

Les relations entre le philosophe et la ville de Chambéry restent complexes. Si la ville a eu un fort impact dans sa vie et que les Charmettes font désormais partie intégrante du patrimoine chambérien, il y est reconnu comme une figure importante mais n’y est pas né et n’y a pas fini ses jours. De plus, sa contribution à la diffusion des idées des Lumières et son implication dans l’évolution des idées politiques l’ont confronté à une autre figure importante de la ville, celle de Joseph de Maistre. C’est ainsi qu’au travers des années et de l’histoire, les péripéties de la vie locale feront s’alterner admiration ou dédain des habitants pour l’un ou l’autre des personnages, durant de nombreuses décennies.

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