
Découvrez Camille Costa de Beauregard, sa vie, son oeuvre, son héritage, une création originale par Mordus 2 Savoie en partenariat avec la Fondation du Bocage.
Dans ce tout premier Ă©pisode (sur une sĂ©rie de 4), Gabriel Tardy, de l’association des amis de Camille Costa de Beauregard, nous raconte la vie du bienfaiteur savoyard, nĂ© en 1841 et mort en 1910, surnommĂ© le « père des orphelins », de sa jeunesse Ă l’entrĂ©e Ă l’âge adulte.
Réalisé et animé par Damien Boussicut
Montage : Damien Boussicut

Damien Boussicut (MORDUS 2 SAVOIE) : Bonjour Monsieur Tardy, présentez-vous en quelques mots ?
Gabriel Tardy : J’ai été éducateur à la Fondation du Bocage pendant plus de 40 ans. Je m’occupe également de l’association “Les amis de Camille Costa de Beauregard” qui a pour but de faire connaître la cause de Camille, on a participé au processus de béatification de Camille Costa de Beauregard.
Damien Boussicut (MORDUS 2 SAVOIE) : On va entrer dans le vif du sujet, on va revenir sur l’enfance, l’adolescence et jusqu’à l’entrĂ©e Ă l’âge adulte de Camille Costa de Beauregard, quelle Ă©tait sa jeunesse ?
Gabriel Tardy : Les quelques Ă©tapes de sa vie, c’est-Ă -dire l’enfance et l’adolescence, Camille les sĂ©parait bien quand il en parlait, car c’était deux pĂ©riodes bien diffĂ©rentes pour lui.
Son enfance, on n’en sait peu de choses finalement, surtout de la part de son neveu qui a pris sa succession, Ernest Costa de Beauregard. Camille est nĂ© en 1841 dans le milieu de l’aristocratie savoyarde, de la noblesse. il a eu, comme on dit, la vie de château, mais je ne dis pas qu’il l’a forcĂ©ment apprĂ©ciĂ©. La question qu’on peut se poser justement, c’est comment un fils d’une grande famille savoyarde a pu finalement choisir de devenir prĂŞtre, de devenir celui qu’on appellera “le père des orphelins”, et surtout de vivre dans la pauvretĂ© et l’humilitĂ©.
Damien Boussicut (MORDUS 2 SAVOIE) : Vous l’avez dit, il a grandi dans une famille plutôt bourgeoise, c’était quel style de vie ?
Gabriel Tardy : Tout Ă fait, son père, PantalĂ©on Costa de Beauregard, homme de lettres, Ă©tait quelqu’un de plutĂ´t connu en Savoie, mĂŞme si on l’a un peu perdu de vue. C’était un noble qui avait un rĂ´le politique important car il conseillait le roi Ă turin, le roi Ă©tait mĂŞme devenu le parrain de son premier fils, c’est dire la proximitĂ© entre eux. C’était quelqu’un de droit, très considĂ©rĂ© autant par les savoyards que les piĂ©montais.
Au niveau familial, comme il était très présent à Turin, il était un peu absent, c’est probablement ce qui a manqué à Camille.
NĂ©anmoins, quand il Ă©tait lĂ , il Ă©tait vraiment prĂ©sent. C’était un homme, dans le contexte de l’époque, qui n’aimait pas trop les familiaritĂ©s de la part de ses enfants.
Les enfants ont beaucoup de respect Pantaléon Costa de Beauregard.

Damien Boussicut (MORDUS 2 SAVOIE) : Quel était le caractère de Camille Costa de Beauregard ?
Gabriel Tardy : D’abord, si vous le permettez, j’aimerai parler de sa mère, la marquise Marthe de Veyrac, qui Ă©tait quelqu’un, de par son passĂ©, de sĂ©vère en Ă©ducation. Elle a Ă©levĂ© ses enfants avec rigueur. Elle s’est adoucie par la suite.Â
Camille avait une place originale dans la fratrie, il est arrivé quatrième avec trois garçons, puis il y a eu trois sœurs et enfin un dernier petit frère.
Et les trois frères aînés l’avaient un peu victimisé selon Ernest (le neveu de Camille, ndlr). Il a un peu souffert de ces trois grands frères plus costauds, plus engageants, car lui il était plus fragile, plus sensible.
Toute son affection s’est alors portée sur ses sœurs avec qui il s’entendait parfaitement.
Auprès de ses sœurs, il a pu s’épanouir et révéler les dons qu’il avait naturellement.
Il était musicien, peintre, ce sont des choses qui vont le marquer sa mission, notamment auprès des enfants.
Damien Boussicut (MORDUS 2 SAVOIE) : A 16 ans, il est touché par la typhoïde, un tournant dans sa vie ?
Gabriel Tardy : Oui, c’est une part importante de sa scolaritĂ©. Car il a eu une scolaritĂ© difficile Ă cause de la maladie. Il a Ă©tĂ© dans plusieurs collèges. Mais c’est Ă Vannes qu’il a contractĂ© la typhoide, qui a laissĂ© des sĂ©quelles importantes mĂŞme au niveau psychologique.Â
Cette épisode va faire qu’il va se reposer pendant quelque temps, dans un château de la vallée de la Loire, mais comme cela n’allait pas mieux, son père l’a ramené près de lui et l’a confié à un précepteur du nom de l’abbé Chenal, un homme intelligent et exceptionnel.
L’abbé Chenal était originaire de Rumilly, il était d’une grande culture, il a beaucoup compté pour Camille Costa de Beauregard.
Il a pris en charge Camille, mais avec une mĂ©thode avant-gardiste pour l’époque, il a su voir la fragilitĂ© de Camille, ce caractère sensible et indĂ©pendant, ce besoin de dĂ©couverte, d’Ă©chapper Ă la rigueur de l’éducation.
il aimait aller dans les familles de paysans pour partager des moments avec eux, les rencontrer.
Damien Boussicut (MORDUS 2 SAVOIE) : A 17/18 ans, il se détourne un peu de la religion.
Gabriel Tardy : C’est exacte, l’abbé Chenal lui avait laissé beaucoup de liberté, il se posait beaucoup de questions. Sa sennsibilité pour les pauvres l’a marqué. La seule chose qu’il conservait pendant cette période, que lui a imposée l’abbé Chenal, c’était la prière du Souvenez-vous, une prière à Marie.
Toute cette période de l’adolescence a été compliquée pour Camille Costa de Beauregard, il y avait ce questionnement mais d’un autre côté son goût pour les autres, il nouait des liens avec les jeunes nobles de l’époque, il sortait avec eux.
Damien Boussicut (MORDUS 2 SAVOIE) : A 22 ans, il passe le bac.
Gabriel Tardy : Oui, l’abbé Chenal ne l’a pas lâché là dessus !
A 22 ans, il était très en retard, du fait de la maladie et de cette réflexion qui fut longue.
Camille n’a pas toujours été un bon élève, c’était un élève rêveur.
L’épisode important de la fin de son adolescence, c’est quand, en passant devant la cathédrale de Chambéry, il s’est senti attiré vers elle. C’est ce moment précis qui a décidé de son retour à dieu, et de sa vocation sacerdotale.
Cet épisode est fondateur, avec une transformation tant physique que morale.
Il a annoncé cela à ses parents (sa nouvelle vocation, ndlr), qui ont accepté.
Il a été au séminaire français de Rome, l’abbé Chenal l’a accompagné pour le surveiller un peu.
Damien Boussicut (MORDUS 2 SAVOIE) : Après son passage à Rome, il est revenu sur Chambéry.
Gabriel Tardy : Oui, il n’a pas manqué de propositions. Mais lui, il voulait revenir dans son diocèse de Chambéry.
Il voulait se mettre au service de l’Ă©vĂŞque de ChambĂ©ry en 1867, alors on lui a confiĂ© le rĂ´le de confesseur Ă la cathĂ©drale, ce dont il avait horreur d’ailleurs.
Il s’est ensuite mis au service des ouvriers en créant une caisse d’aide mutuelle, sous le patronage de Saint François de Sales, pour leur venir en aide.
Fin 1867, une grande Ă©pidĂ©mie de cholĂ©ra a dĂ©cimĂ© la population Ă ChambĂ©ry, il a recueilli les orphelins chez lui, le dĂ©but de l’orphelinat du Bocage… (suite au prochain Ă©pisode).
