samedi 19 avril 2025
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🎙 Podcast : La Fondation du Bocage, l’Ĺ’uvre de Camille hier et aujourd’hui. Avec Michel Dantin et Xavier de Roissart

Crédit photo : Fondation du Bocage

Découvrez Camille Costa de Beauregard, sa vie, son oeuvre, son héritage, une création originale par Mordus 2 Savoie en partenariat avec la Fondation du Bocage.

Dans ce deuxième Ă©pisode (sur une sĂ©rie de 4), Michel Dantin et Xavier de Roissart, respectivement prĂ©sident et directeur de la Fondation du Bocage, nous racontent l’origine et le futur de l’Ă©tablissement chambĂ©rien fondĂ© par Camille Costa de Beauregard.

Réalisé et animé par Damien Boussicut
Montage : Damien Boussicut

Enregistrement du podcast avec Michel Dantin, Xavier de Roissart et Damien Boussicut (Mordus 2 Savoie) Crédit : Vanessa Colombier

Damien Boussicut (MORDUS 2 SAVOIE) : Est-ce que vous pouvez vous présenter ?

Michel Dantin : Je suis le président de la Fondation du Bocage

Xavier de Roissart : Je suis le directeur général.

Damien Boussicut (MORDUS 2 SAVOIE) : Aujourd’hui, on va parler de la Fondation du Bocage qui a été créée par Camille Costa de Beauregard. Est-ce que vous pouvez revenir sur la genèse de ce lieu ?

Michel Dantin : le comte de Boigne en 1868 a mis à disposition une maison, l’ancienne douane pour que Camille s’installe avec les orphelins.

C’est ce qu’il fait dès 1868, il accueille progressivement des jeunes dont les parents ont été victimes de la choléra.

 Et puis rapidement se pose la question de leur devenir professionnel, donc vers 1872, il va acheter à la ville un terrain de l’autre côté de la rue qui passe devant le Bocage pour créer un jardin.

Car Camille, soucieux de donner une bonne Ă©ducation aux jeunes, voulait aussi les installer dans un milieu de confiance. Et plutĂ´t que de les livrer Ă  la difficile vie d’ouvrier d’usine Ă  la fin du 19ème siècle, il se dit que s’il forme de bons jardiniers et qu’il les place dans des familles qu’il connait dans des grandes propriĂ©tĂ©s, alors il leur assurerait un bel avenir.

L’histoire veut que les deux structures de chaque côté de la rue ont évolué au fil du temps. Désormais, au 339 rue Costa de Beauregard de Chambéry, il y a la maison d’enfants à caractère sociale qui accueille environ 150 enfants placés par les services sociaux. Et puis de l’autre côté de la rue, au 340, le jardin est devenu petit à petit un centre horticole et puis aujourd’hui un lycée professionnel qui forme à la fois aux métiers de l’horticulture, du paysage mais également aux métiers des services à la personne et des services en milieu rural.

Crédit photo : Fondation du Bocage

Damien Boussicut (MORDUS 2 SAVOIE) : Que représente exactement le Bocage aujourd’hui ?

XR : Aujourd’hui nous accueillons un peu plus de 400 jeunes sur le lycée, l’internat et la maison d’enfants. Nous accompagnons également des jeunes majeurs dans leur insertion.

Damien Boussicut (MORDUS 2 SAVOIE) : Quel est l’organisation de la fondation du Bocage ?

MD : La Fondation du Bocage est reconnue d’utilité publique depuis 1981. Elle est gérée par un conseil d’administration de 14 personnes.

Parmi les membres du CA, il y a 2 représentants de la congrégation des Salésiens de Don Bosco puisque Camille Costa de Beauregard avait transmis comme consigne à son neveu Ernest, qu’après celui-ci, se soit les Salésiens de Don Bosco qui prennent le relais à la tête de la Fondation du Bocage.

Nous avons également Monsieur le Préfet de la Savoie ou son représentant.

Damien Boussicut (MORDUS 2 SAVOIE) : La Fondation du Bocage est un héritage de Camille Costa de Beauregard, quels sont les traits que vous conservez de cet héritage encore aujourd’hui ?

XR : Nous sommes redevables de l’Abbé Costa de Beauregard, que l’on appelle quotidiennement Camille dans la maison (le Bocage, ndlr), nous sommes héritiers de ses valeurs.

Ces valeurs, on pourrait les résumer autour de la confiance et de la douceur qui sont les deux modes opératoires dans notre style éducatif.

Il s’agit de la bientraitance, ce qui va au-delà de la bienveillance.

Notre monde d’aujourd’hui nécessite de l’exigence, pour “armer” nos jeunes pour s’insérer dans la société de nos jours.

Toutes ces valeurs, pour lesquels notre communauté éducative est très attachée, c’est vraiment l’héritage que Camille avait transmis au Salésiens notamment autour de Don Bosco.

MD : Don Bosco disant d’ailleurs “nos maisons doivent être des lieux où l’on apprend, une cour où l’on s’amuse et une paroisse où l’on évangélise et une maison où l’on apprend à vivre ensemble.”.

Je crois que si Camille voulait une transition vers les Salésiens, c’est qu’il se reconnaissait dans ces valeurs et ce qu’il voulait mettre en œuvre au Bocage.

Cette volontĂ© d’éducation globale, que partageait Camille et les SalĂ©siens, aujourd’hui en l’actualisant Ă  la lecture du 19ème siècle de la mettre en Ĺ“uvre encore maintenant.

Damien Boussicut (MORDUS 2 SAVOIE) : La Fondation du Bocage est née, un peu, sur un drame, puisque c’était lors de l’épidémie de choléra. Est-ce que vous essayez de leur inculquer cette histoire aux jeunes d’aujourd’hui ici ? Est-ce qu’il y a un sentiment d’appartenance plus fort qu’ailleurs par rapport à cette histoire du Bocage ?

XR : Nous sommes très très attachés à faire vivre notre patrimoine humain et l’héritage que nous avons de Camille et de Don Bosco.

Cette héritage, il n’est pas d’emblée une évidence. Pour cela, on s’appuie beaucoup sur l’association “Les amis de Camille Costa de Beauregard”, puisque c’est eux qui ont porté la rumination de la vie de Camille ces dernières années et c’est aussi un peu eux qui nous ont offert cette relecture (de la vie de CCDB, ndlr) dans les lieux de la maison.

Ils nous aident à nous réapproprier cet héritage qui n’avait pas disparu en fait.

La bande dessinée, une étape importante, qui est prévue pour raconter l’histoire, je pense que cela fait partie des outils qui vont être utiles pour permettre à nos jeunes de s’approprier la vie de Camille.

MD : Les familles décident de mettre leurs enfants au Bocage, pour le projet qui est préparé par l’équipe pédagogique, pour les installations qui sont mises à disposition.

Nous accueillons aussi des jeunes qui n’ont eu aucun rapport à la religion. Et je crois que les événements de cette année (la béatification de CCDB, ndlr) amèneront certains d’entre eux à se poser des questions.

L’exemplarité de l’action de Camille au 19ème siècle doit être resitué dans le contexte du 19ème, il ne s’agit pas de vouloir reproduire aujourd’hui, ce qui l’était hier, avec des valeurs, des schémas, qui étaient différents.

Les jeunes d’aujourd’hui sont aussi intéressés par une recherche spirituelle. 

Nous avons à cœur de respecter les valeurs de chacun.

Damien Boussicut (MORDUS 2 SAVOIE) : Donc, vous n’êtes pas plus exigeants avec les jeunes ici, du fait que l’établissement ait une histoire particulière ?

MD : Non, il n’y a pas plus d’exigence, en revanche je pense que les jeunes qui vont ĂŞtre passĂ©s durant cette pĂ©riode au Bocage auront des souvenirs particuliers parce qu’ils participent Ă  l’écriture d’une page d’histoire dont ils se rendront compte de la dimension plus tard.

XR : Et on le ressent par nos anciens qui nous rendent visite, ils nous manifestent à quel point cet attachement (au Bocage, ndlr) est réel mais ils ne l’ont pas perçu de façon explicite lorsqu’ils étaient ici.

Damien Boussicut (MORDUS 2 SAVOIE) : Quels sont les projets du Bocage Ă  court et moyen terme ?

MD : Une maison qui n’a pas de projet, est une maison qui ne vit pas.

Donc nous avons forcément des projets, que ce soit à la Maison d’enfants, où il s’agit de répondre aux évolutions sociétales. Côté lycée, la loi d’orientation agricole nous appelle à un sursaut, un regain de créativité en matière pédagogique pour répondre aux défis qui sont devant nous, l’écocitoyenneté, d’une alimentation de qualité. Les jeunes qui vont sortir du Bocage dans les années à venir devront être capables de s’adapter et répondre aux exigences nouvelles de la société.

XR : Ce sont bien aux jeunes d’aujourd’hui que nous nous adressons et pas ceux d’hier, donc notre organisation est toujours en dynamique pour pouvoir vraiment répondre aux demandes des jeunes d’aujourd’hui.

Ces besoins, au-delĂ  des choses concrètes qui, tant sur le plan professionnel, que sur le plan du savoir ĂŞtre, sont des rĂ©ponses qui permettent de vraiment s’insĂ©rer dans la sociĂ©tĂ©.

C’est une constante dans cette maison, cela me paraĂ®t ĂŞtre extrĂŞmement important de souligner combien l’équipe Ă©ducative est engagĂ©e sur cette question lĂ . Vraiment rĂ©pondre aux besoins de nos jeunes pour pouvoir les porter vers le haut avec de la confiance, de la bienveillance et de l’exigence.

MD : Qui dit projet, dit besoin d’investissement. La béatification nous amène à repenser nos installations pour permettre de vénérer les reliques, nous avons lancé un appel aux dons pour financer l’essentiel des travaux, qui concernent la chapelle où le corps de Camille Costa de Beauregard pourra être vénéré par les pèlerins de passage à Chambéry.

Crédit photo : Damien Boussicut (Mordus 2 Savoie)

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